GRAVITÉS, LIBERTÉS

Il peut paraître surprenant de retrouver Susanne Abbuehl dans les
murs d’une église plus habituée à accueillir les passions de Bach et des
choeurs d’oratorio que du Jazz, fut-il ciselé.
La raison tient à la réception de la dernière sculpture de l’artiste
lausannois Nikola Zaric (1961-2017) : le « Christâne ». Un petit
bronze qui s’inspire d’un graffiti du 3ème siècle après J-C et retrouvé
sous les fondations d’un palais romain au 19ème siècle.
Zaric a donné au corps du crucifié celui d’un danseur étoile et l’a
placé sur son pivot de telle manière qu’il semble exécuter une ronde,
les bras grands ouverts, tel un sémaphore suprême.
Alors qu’elle prévoyait avec l’artiste un grand projet autour de la
Passion qui n’a pas abouti, l’association l’Hospitalité artistique à Saint-
François a reçu cette sculpture comme une invitation à entrer dans la
danse d’un nouveau projet. Elle a invité d’autres artistes (la danseuse
Yasmine Hugonnet, l’artiste protéiforme Simon Rimaz, la violoncelliste
Sara Oswald et le photographe Timothy Haccius) ainsi qu’une
écrivaine (Marion Muller–Colard) à se laisser à leur tour infuser par
l’oeuvre de Zaric.
Quelle musique pour soutenir le pas de danse et la ronde esquissée
par le « Christâne » mobile sur son socle ?
Forcément une musique aérienne et subtile. Aussi c’est tout
naturellement que l’association s’est tournée vers Susanne Abbuehl et
l’a invitée à entrer dans l’aventure.
Après un concert donné la nuit de Pâques à Saint-François, Susanne
Abbuehl revient en juin pour deux concerts qui s’inscrivent dans les
événements qui rythment la dernière semaine de « Passions Zaric » à
Saint-François.
« Gravités, libertés », le titre que Susanne Abbuehl a donné à ces
deux concerts est inspiré par le texte de Marion Muller-Colard,
« l’Eternité ainsi de suite ».