MESSE SOLENNELLE DE LOUIS VIERNE

Il est amusant de se rappeler qu’à sa création, le 8 décembre 1901, la Messe Solennelle op.16, pour 2 orgues et chœur à quatre voix mixtes de Louis Vierne fut qualifiée par certains de musique révolutionnaire. Avec le recul, il apparait qu’elle marque plus concrètement l’aboutissement de ces œuvres du romantisme tardif magnifiant le potentiel des grands orgues Cavaillé Coll que l’avènement de nouveaux moyens d’expression.

Créée alors que Vierne vient d’être nommé titulaire du grand orgue de Notre Dame de Paris, la Messe solennelle tient compte de la disposition particulière de ce grand vaisseau et des contraintes sonores et visuelles qu’il soulève. Le grand orgue est placé sur une tribune très élevée fort éloignée de l’endroit où se tiennent l’orgue de chœur et les chanteurs. De nous émerveiller alors devant le génie de ce grand compositeur presque aveugle. Il se joue des contraintes spatiales. Les contrastes qu’il dessine avec finesse autant que grandeur font apparaître de nouveaux espaces qu’il nous fait habiter le temps de cette Messe en cinq temps : Kyrie, Gloria, Sanctus, Benedictus et Agnus Dei. Curieusement, elle ne comporte pas de Credo. Peut-être pour que l’auditeur, pris par la beauté des lignes mélodiques et la magnificence des couleurs des orgues et du chœur, puisse laisser éclater sa foi et sa reconnaissance.